Le paysage urbain changeait vite sur ses yeux. Au fil et à mesure que le métro parcourait les kilomètres ombres de cette fin d'après-midi, le garçon regardait la ville qu'il a toujours voulu connaître. Les petites maisons de la banlieu, les arbres secs que le vent berçait, les gens qui passaient avec des baguettes sous leurs bras - il les regarda en voulant les aimer, mais il ne sentait que dégoût. Il ne sentait que dégoût devant cette Paris qui n'était guère comme dans ses rêves. Il n'y reconnaissait point et se sentait étrangement déplacé...
La Paris qu'il voyait lorsqu'il fermait ses yeux était celle du spleen - la Paris comme chantée par Baudelaire. Ainsi, il sentait même le parfum de la fumée qui montait des pipes... Le parfum énivrant du haschisch qui se mélangeait, dans les ports, avec celui du sueur des travailleurs - des travailleuses du soir. Yeux encore fermés, il voyait des chats noirs qui poursuivaient des rats pestilents - il écoutait des chiens qui hurlaient sous une lune pleine de sorcellerie. Il pouvait même, en s'éloignant encore plus de soi, s'asseoir dans une petite table, sous la lumière des bougies, pour boire un verre d'absinthe avec Rimbaud ou Verlaine. Et s'absenter du monde - s'absinther. Voilà ce qu'était Paris pour lui...
Mais pas celle-ci... Il ouvrait les yeux et il voyait la réalité du XXIème. À travers la vitre de la fenêtre, les couleurs urbaines arrivaient à lui... Les bruits insuportables d'une ville qui avaient trop grandi... L'odeur de toute sorte de gens qui puaient - cet odeur qui vénait plus de leurs âmes que de leurs corps... (de ces âmes qui se sont putréfiées sans que les gens aient noté) - et il gênait...
Soupirant, il a ouvert ses yeux à temps de voir que le métro était arrivé à la gare où il devait descendre... et la montre lui disait qu'il n'était plus que quatre heures encore.
.
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire